La sensibilité électromagnétique (ou électro-sensibilité, ou électro-hypersensibilité ou HSEM ou EHS ou Syndrome EHS) est une maladie dans laquelle une personne déclare souffrir de symptômes qui selon elle sont causés et aggravés par des champs ou des ondes électromagnétiques1. Les proportions de personnes se disant électrosensibles varient de quelques personnes par million à 8 % des personnes interrogées.
Les symptômes décrits sont reconnus comme réels (par l'OMS notamment ; la sensibilité électromagnétique est officiellement considérée comme un handicap (et non une maladie) en Suède2), mais la recherche scientifique globalement3 conclut à ce jour que les champs ou ondes électromagnétiques n'en serait pas la cause. Prendre au sérieux ces symptôme implique donc d'en rechercher une autre cause réelle (y compris psychologique). Inversement, certains considèrent que ces études concluant négativement sont biaisées, et que l'importance pratique4 et financière5des techniques utilisant les ondes contribuent à ce biais.
Dans les cas les plus sévères, les personnes sont tellement affectées qu'elles s'isolent et cessent le travail et changent leur mode de vie, alors que d'autres personnes rapportent des symptômes moins sévères qui entraînent un évitement de certaines sources de champs électromagnétiques 6.
L’Organisation
mondiale de la santé (OMS)
écrit en 2005 : « Depuis
quelque temps, un certain nombre d'individus signalent divers problèmes
de santé qu'ils attribuent à leur exposition aux [champs
électro-magnétiques]. Si certains rapportent des symptômes bénins et
réagissent en évitant autant qu'ils le peuvent ces champs, d'autres
sont si gravement affectés qu'ils cessent de travailler et modifient
totalement leur mode de vie. Cette sensibilité présumée aux [champs
électro-magnétiques] est généralement appelée « hypersensibilité
électromagnétique » ou
HSEM)6. » Les symptômes
rapportés sont divers, sans profil symptomatique spécifique,
ce qui signifie qu'ils peuvent s'apparenter à d'autres troubles ou
maladies. Ce sont aussi des symptômes fréquemment rencontrés dans la
« population générale ». Selon l’OMS,
l’hypersensibilité électromagnétique « est
caractérisée par divers symptômes que les individus touchés attribuent
à l'exposition aux champs électro-magnétiques (CEM). Parmi les
symptômes les plus fréquemment présentés, on peut mentionner des
symptômes dermatologiques (rougeurs, picotements et sensations de
brûlure), des symptômes neurasthéniques et végétatifs (fatigue,
lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées,
palpitations cardiaques et troubles digestifs). Cet ensemble de
symptômes ne fait partie d'aucun syndrome reconnu 6. » Plusieurs
auteurs ont analysé les symptômes décrits par des électrosensibles.
Dans l’étude de Hillert et al. (2002)7,
le symptôme le plus fréquemment cité est la fatigue, suivie de
problèmes dermatologiques au visage, de sensations de lourdeur dans la
tête, d'irritation des yeux, de nez bouché ou encombré, de maux de
tête, de difficultés de concentration, etc. Röösli et al. (2004)8,
quant à eux, décrivent en ordre décroissant des troubles du sommeil,
des maux de tête, de la nervosité/angoisse, de la fatigue, des
difficultés de concentration, des acouphènes,
des vertiges, des douleurs dans les membres... Ces auteurs n'observent
pas de différences entre les symptômes cités par les hommes et les
femmes. Les résultats de Schüz et al. (2006) rejoignent les résultats
précédents : le symptôme cité le plus fréquemment est la fatigue,
suivie de difficultés de concentration, de troubles du sommeil, de
lassitude, de mauvaise humeur, d'inconscience, de maux de tête, de
sensations de faiblesse... Selon
des personnes se jugeant électrosensibles, les symptômes passagers
évoluent vers la chronicité, avec des conséquences diverses : L'incompréhension
de l'entourage professionnel ou familial, et la non reconnaissance du
monde médical peuvent parfois aggraver l'isolement. Plusieurs auteurs
parlent d'un cercle vicieux où symptômes, associations de ces derniers
à une (des) source(s) électromagnétique(s) et comportements d'évitement
se succèdent, s'amplifient et s’auto-entretiennent. Les
estimations de prévalence de l’électro-sensibilité dans la population
varient ; de quelques individus par million, à des taux bien plus
élevés. Pour l'OMS, environ 10 % des cas signalés
d’électro-sensibilité ont été considérés comme graves6. Une étude
européenne (Bergqvist et al., 19979)
décrivait davantage de cas en Suède,
au Danemark et en Allemagne et moins de cas en France,
en Autriche et au Royaume-Uni (gradient
Nord-Sud). Dans cette même étude, les sources d'exposition étaient
intérieures (par ex. : écrans d'ordinateur) dans les pays
scandinaves et extérieures (par ex.: lignes à haute tension et antenne
GSM) dans d'autres régions. Sur simples
sondages, les proportions de personnes électrosensibles varient de
quelques personnes par million à 8 % des personnes
interrogées : En raison des
déclarations de personnes déclarant être électrosensibles, des études étiologiques ont été menées pour
rechercher les causes de cette maladie. En particulier, des études
en double aveugle ont
été réalisées et ont montré que les champs électromagnétiques n'étaient
pas à l’origine des symptômes constatés. Des
fausses expositions à un champ électromagnétique ont été suffisantes
pour déclencher des symptômes graves dans certains participants14 L’Organisation
mondiale de la santé (OMS)
considère qu’il n’y a pas d’éléments scientifiques qui permettraient
d'appuyer l’affirmation que la sensibilité électromagnétique soit
réellement causée par les champs électromagnétiques6. Des causes
d'ordre psychologique sont fréquemment proposées6.
Inversement, certains considèrent que ces études concluant négativement
sont biaisées15,
et que les enjeux financiers importants ainsi que notre évolution liée
à cette technologie contribuent à ce biais16 En 2005,
une étude exhaustive de la littérature scientifique a analysé les
résultats de trente-et-une expériences qui testaient si les champs
électromagnétiques causaient l’électrosensibilité. Chaque expérience
exposait en laboratoire des personnes qui se déclaraient atteintes
d’électrosensibilité à des champs électriques ou magnétiques, fictifs
ou réels, à de multiples fréquences, dans des études
en double aveugle (le
sujet et l’agent expérimentateur à ses côtés ne savent pas si le champ
est fictif ou réel ; le sujet doit déterminer s'il a été exposé
(détection du champ) et rapporter d'éventuels symptômes, il est parfois
soumis également à différents tests de mémoire et d'attention.)3.
Sur les trente-et-une études, vingt-quatre ne trouvaient aucune
association entre exposition et symptômes ; sept en trouvaient
mais, sur ces sept études positives, deux n'ont pas pu être reproduites
même par leur auteurs initiaux, trois ont des biais
méthodologiques importants,
et les deux derniers présentaient des résultats contradictoires. La conclusion
des auteurs étaient que : « Les
symptômes décrits par les personnes souffrant de
« électro-hypersensibilité » peuvent être sévères et parfois
handicapants. Cependant, il s’est avéré difficile de montrer dans des
études en aveugle que l’exposition à des champs magnétiques pouvaient
déclencher ces symptômes. Ceci suggère que l’électro-hypersensibilité
est sans rapport avec la présence de champs électromagnétiques, bien
que des recherches supplémentaires sur ce phénomène soient nécessaires 17. » Depuis,
d'autres expériences en double aveugle ont été publiées, chacune
montrant que les personnes qui se déclarent atteintes de sensibilité
électromagnétique sont incapables de détecter la présence de champs
électromagnétiques et la probabilité qu’elles ressentent des symptômes
de maladie est la même en présence d’une exposition fictive ou d’une
exposition réelle18,19,20. Plusieurs
personnes ont critiqué cette étude, mais des réponses ont été apportées
aux objections, et les nombreuses études montrent que les champs
électromagnétiques « ne causent pas les symptômes ressentis21,22 ». Un rapport de
2005 de l’Agence
de protection sanitaire du
Royaume-Uni concluait que l’électrosensibilité devait être prise en
considération par d’autres voies que son étiologie :
les souffrances sont réelles, même si les causes de ces souffrances ne
sont pas définies23.
Selon le groupe d'experts de la Commission
européenne (Bergqvist
et al, 19979)
et le groupe de travail de l’OMS6,
le terme « électrosensibilité » n'implique pas une relation
entre les champs électromagnétiques et des symptômes sanitaires. Un rapport
isolé, le rapport
Bioinitiative24 publié en 2007 prétend
apporter des preuves scientifiques concernant les effets sanitaires (Stress
cellulaire, génotoxicité,
risques de tumeurs
au cerveau ou de leucémies)
des champs électromagnétiques ; il estime que les normes sont
inadaptées et définit des valeurs-seuil qui protégeraient mieux la
santé. Toutefois,
l’analyse faite par diverses grandes institutions sur ce rapport
(réseau EMF-Net, programme européen de recherche et de développement
technologique, le Danish National Board of Health, l’Office Fédéral
Allemand de Radioprotection, le Conseil de Santé des Pays-Pays) en
réfute la qualité. Le rapport d’octobre 2009 de l’Agence
française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset)25 en
analyse ainsi le contenu : « les différents chapitres du
rapport sont de rédaction et de qualité inégales. Certains articles ne
présentent pas les données scientifiques disponibles de manière
équilibrée, n’analysent pas la qualité des articles cités ou reflètent
les opinions ou convictions personnelles de leurs auteurs (…), il revêt
des conflits d’intérêts dans plusieurs chapitres, ne correspond pas à
une expertise collective et est écrit sur un registre militant. »
Cerapport
Bioinitiative très
médiatisé et est à l’origine de quelques décisions judiciaires
récentes, contre lesquelles l’Académie
de médecine française
s'est insurgée en mars 200926. La Bioelectromagnetics
Society n’approuve
pas non plus cette étude, et selon elle, « des
recherches par des spécialistes de physique théorique suggèrent que
l’exposition [à des champs de radiofréquence non-thermiques] ne
provoquera rien d’autre sur les être vivants, que, s’ils sont
suffisamment puissants, une élévation locale de la température. Mais
les physiciens ne savent pas tout, aussi on se tourne vers les
biologistes et on s'aperçoit que les bases de données ne contiennent
aucune démonstration scientifiquement reproductible d’un effet néfaste
sur la santé après 50 ou 60 ans de recherche scientifique27. » Le
chercheur Jean-Paul Krivine dénonce aussi l'apparence de sérieux
scientifique et le conflit d'intérêt d'une des co-auteurs, Cindy Sage,
propriétaire d'un cabinet homonyme proposant « des
solutions pour « caractériser ou atténuer » les impacts des
champs électromagnétiques28. » Attention, le
mot anglais « radiofrequencies » désigne la partie du
spectre électromagnétique, comprise entre 9 kHz et 3000 Ghz et
contenant entre autres les « micro-ondes »
et les « hyperfréquences » ;
Il devrait être traduit en français par « radioélectriques ». L'Agence
européenne pour l'environnement a
contribué au rapport
Bioinitiative29 avec
un chapitre tiré de l'étude de l'agence : « Signaux précoces
et leçons tardives : le principe de précaution 1896–2000]30 »
publié en 2002. Il
est difficile d'établir un diagnostic d'électrosensibilité car il
n'existe pas de signes cliniques spécifiques objectivés ou de marqueurs
pathophysiologiques spécifiques ou sensibles permettant de caractériser
cette maladie. Les sources
incriminées sont toujours plus répandues dans nos sociétés
modernes : moniteurs
d'ordinateur, antennes-relais de la téléphonie
mobile et téléphones
mobiles eux-mêmes,
le WiMAX , les lignes
à haute tension, les transformateurs
électriques, la technologieCPL,
les néons,
ou encore les téléphones DECT.
Le rapport
Bioinitiative24 mentionnée plus haut est
fréquemment cité comme source. Une étude par
questionnaire de Röösli et al. (2004)31 ont analysé les causes
suspectées par les personnes touchées par les symptômes. Dans
l'étude de Röösli et al. (2004), les causes suspectées citées par les
167 électrosensibles interrogés étaient, par ordre décroissant ;
les antennes de téléphonie mobile, suivies des GSM,
des téléphones sans fil (type DECT), des lignes à haute tension, des
transmetteurs de radiodiffusion, des écrans d'ordinateur, des lignes de
train/tram, des transformateurs, des écrans de TV, des appareils
électriques et de l'éclairage. Il n'existe pas
de réelle spécificité des symptômes en fonction de la source. Schreier
et coll. (2006)32 notent
que des inquiétudes sont plus souvent exprimées à l'égard des antennes
de téléphonie mobile et des lignes à haute tension par rapport au GSM,
appareils électriques et téléphone sans fil. Des résultats similaires
ont été obtenus dans une autre étude (Siegrist et coll., 200533)
et en Autriche (Hutter et coll., 2004). En l'absence de
démonstration d'un lien de cause à effet et de critères diagnostiques
définis, la première étape consiste par un diagnostic
différentiel à
vérifier l'absence d'autre pathologie médicale connue pouvant expliquer
les symptômes. À partir de l'identification des conditions médicales,
psychosociales et environnementales de la personne électrosensible, une
prise en charge individualisée, multidisciplinaire et globale est
recommandée. Le
choix d'une thérapie doit se baser sur la présentation clinique, ainsi
que sur la réponse au traitement. De nombreuses techniques
thérapeutiques ont fait l'objet de publications et parmi celles-ci, les thérapies
cognitivo-comportementales s'avèrent
les plus efficaces (Rubin et al., 200634;
Irvine, 200535;
Hillert et al., 20027). Hillert et al.
(2002)7 indiquent
que le pronostic est meilleur lorsque la prise en charge est réalisée
précocement et lorsque les symptômes sont associés au travail sur écran
de visualisation. Soulignons encore qu'une rémission spontanée est
observée dans un certain nombre de cas. Röösli
et al. (2004) ont analysé les moyens mis en œuvre pour éviter les
symptômes. Réduire l'exposition est souvent considérée comme un moyen
momentanément ou partiellement efficace dans l'amélioration de la
symptomatologie par les personnes qui s'en plaignent. Mais la réduction
de l'exposition semble entraîner la personne électrosensible dans une
spirale d'évitements et d'aménagements qui ont des conséquences parfois
importantes en termes de coûts, d'isolement social et professionnel et
de qualité de vie. Étant
donné que les plaintes rapportées le sont généralement pour des niveaux
d'exposition habituellement rencontrés dans notre vie quotidienne,
cette solution devrait, au préalable, être mûrement réfléchie à la
lumière des évaluations de l'exposition et des données scientifiques
dans le domaine. Des
recherches sont encore nécessaires, pour mieux comprendre les causes et
d'autres aspects de la symptomatologie, et pour tester l'efficacité des
méthodes thérapeutiques destinées à aider les personnes se plaignant
d'électrosensibilité. L'hypothèse
selon laquelle les électrosensibles auraient une plus grande réactivité
du système nerveux central (Wang et coll., 199436;
Sandström, 1997; Lyskov et coll., 200137)
est également à suivre. Il s'agirait d'une prédisposition physiologique
qui entraînerait une sensibilité plus grande aux facteurs
environnementaux de stress. L'Association
de Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse, dirigée par le Professeur Dominique
Belpomme, prétend par ailleurs travailler sur le sujet.Description et prévalence de la
sensibilité électromagnétique[modifier]
Définition de l'OMS[modifier]
Symptômes[modifier]
Prévalence de l’électro-sensibilité[modifier]
Étiologie, diagnostic et preuves
scientifiques[modifier]
Résultats des études scientifiques[modifier]
Rapport Bioinitiative[modifier]
Diagnostic[modifier]
Sources incriminées[modifier]
Traitement[modifier]
Perspectives de recherche[modifier]